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Mais d'abord un peu d'histoire...
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ifficile de connaître précisément l'apparition des premières traboules. Nous savons cependant que les habitants de Lugdunum au IV siècle, avant la chute de l'Empire romain d'Occident ont été obligé de descendre se loger au bord de la Saône car les aqueducs ne fonctionnaient plus. De cette époque existait deux longues rues parallèles et il est possible que des allées virent le jour, ainsi que les premières traboules. Le creusement des puits rendit auxiliaire l'accès au fleuve et les traboules qui y mènent. |
n exemple se trouve dans le vieux Lyon, dans la cour des demeures, où il existait un puits commun qui a participé à l'importance des premières traboules. Dans certains cas on pouvait accéder au puits par le couloir et par l'appartement du rez-de-chaussée. C'était en sorte des raccourcis qui s'adaptaient bien avec les nécessités du commerce pendant la Renaissance. Avec l'essor architectural de cette époque, nous allons trouver deux sortes de traboules qui marqueront la frontière entre les classes. Les entrées dites " nobles " et les autres dites " de service ". Rabelais qui pratiqua la médecine à Lyon découvrit l'art de trabouler ( à l'époque dit " labérinter " ?). " ... je connais des endroits à Lyon (...) où les étables sont au haut du logis : ainsi y a-t-il peut être derrière une issue au montoir ". La galerie sur trompes de Philibert de l'Orme (XVI) rue Juiverie La Cour du restaurant du Soleil dans le quartier de St-Georges Puits du XVI ème siècle dans la maison du Soleil
Photographies G.Gambie
La Cour des Pères Antonins et son vieux puits dans le quartier du centre-presqu'ïle
u XVIème siècle, pendant la lutte entre catholiques et protestants, ces réseaux ont été profitables. Ils servaient de cachettes temporaires et étaient utiles aux révoltés de tout poil. Certains historiens ont mis en évidence l'avantage de ces allées de traverse quand il y avait des poursuites. De l'époque du Jansénisme, nous avons un témoignage d'un certain Benoit Fourgon, membre des Amis de la Liberté, qui arrêté pour être par la suite " embastillé " au Château de Pierre-Scize à l'entrée nord de Lyon. En 1715, il raconte : " Je fus dix fois tenté d'entrer dans une allée de traverse, dont la rue était pleine, et de m'enfuir ". C'est la mort du roi Louis XIV qui lui valut d'être libéré dix semaines plus tard. Vue du Château de Pierre-Scize ( Dessin de P.J.X Bidauld - Musée Historique, Lyon, Hôtel de Gadagne)
endant la Révolution française, lors de la lutte entre les Girondins et les Jacobins, Edouard Herriot dans son " Lyon n'est plus ", rappelle un fait précis : " Le 29 mai 1793, Une des sections révoltées, amenée à prendre partie contre les citoyens et ayant refusé, est cantonnée sur ordre d''un officier obéissant à la municipalité jacobine. Dans le désordre qui suit le feu, les sectionnaires fuient par les allées de traverse qui font communiquer la Place des Terreaux et la rue Sainte Catherine ".
Siège de Lyon, Octobre 1793 ( Vue d'optique, gravure coloriée, fin XVIIème, remaniée pour figurer le siège de Lyon à la fin du XVIIIème - Archives du Rhône, Lyon)
uis, plus tard, une autre révolte vit le jour. Celle des Canuts, où les messages secrets et les trafics particuliers ont transité par les traboules alors que les grands coups de feu ne se pratiquaient que sur les barricades. Depuis le milieu du XVIIIème siècle, ouvriers en soieries, chefs d'ateliers d'un côté,marchands-fabriquants, de l'autre, s'étaient opposés sur le problème d'un tarif minimum pour protéger le gagne-pain de la population ouvrière, des mortelles fluctuations des cours dans cette industrie de luxe. Le Maréchal Soult La révolte durement réprimée par Soult et ses 30 000 hommes les ouvriers sont au nombre de 40 000 - civils 171 morts recencés ; armée 170 ; 600 arrestations - (Gravure populaire) ans nul doute, par leur soucis de l'instruction, par le lancement par eux d'une première presse ouvrière, ces canuts font figure de "précurseurs" dans l'histoire du mouvement ouvrier. Le cri qu'ils avaient lancé en se raliant au drapeau noir "Vivre en travaillant ou mourir en combattant" devait les faire entrer dans la légende que chantèrent le chansonnier lyonnais Pierre Dupont en 1846 avec son "chant des ouvriers", et A. Bruant en 1885 avec son célèbre refrain "C'est nous les canuts, nous sommes tout nus !". (Huile sur toile - Lyon, Musée de Fourvière)
Les Canuts de Lyon vivent et travaillent dans leurs ateliers. Gravure de Moller, 1860